voyage à Ambrym

Publié le par Puce

C'est la fin du 2ème trimestre ... ce qui signifie 2 semaines de vacances avant la prochaine reprise des cours. Et puis, récemment, je me suis réveillée: mon retour en France, c'est dans moins de 4 mois !! Voyons Pascale, il faut te bouger et aller un peu dans les îles, bientôt ça sera trop tard !

Je suis donc partie pour Ambrym le mardi 26 août. Je monte dans l'avion destination Craig Cove !

Ambrym est une petite île du Vanuatu connue pour son volcan, les flûtes de bambou, les sculptures et la magie noire. Le volcan est accessible après quelques heures de marche mais ce n'est pas mon objectif pour les vacances, je ne me sens pas vraiment d'attaque. Après l'activité liée à la kermesse, j'ai d'abord besoin de repos !

Au village, je vais loger chez les parents de Jean-François, notre prof d'info et bibliothéquaire. Gracien et Véronique sont venus m'accueillir à l'aéroport. En guise d'aéroport, comprenez une petite maison et une petite d'atterrissage anciennement goudronnée mais aujourd'hui recouverte de gazon. Le village n'est pas très loin alors on va simplement marcher.

Comme toutes les îles du Vanuatu, Ambrym est très verte, la végétation a le dernier mot. Mais ici la terre est noire et poussiéreuse. La poussière du volcan est partout. Rapidement, mes pieds prennent la même couleur que le sol. Les gens ne connaissent pas la boue car, quand il pleut, l'eau semble flotter sur la poussière avant de s'évaporer.

On pourrait penser qu'avec le régime de précipitations que connaît le pays, les habitants ne devraient pas connaître les problèmes liés au manque d'eau mais ici, la pluie vient mais ne reste pas. Pas de rivières, pas de nappes phréatiques pour puiser l'eau douce. Pour avoir de l'eau, il faut construire des réservoirs et stocker l'eau de pluie. La technique est assez rudimentaire: un réservoir un béton (genre piscine, complètement ouvert), une goutière qui récupère l'eau de pluie qui ruisselle du toit en tôles de la maison. Pas de filtres, pas de désinfection, on boit l'eau telle quelle.

Quand vient la saison sèche (hiver) et que les pluies se font moins fréquentes, moins importantes, les réservoirs finissent par se vider. Alors, les gens ne manquent pas de ressources:
- pour se laver, il y a la mer
- pour se laver, il y aussi l'eau saumâtre que l'on peut puiser quand la marée est haute
- pour faire la lessive, il y a la mer et l'eau saumâtre
- pour faire la cuisine, il y a l'eau saumâtre 
- pour boire, il y a les cocos

D'ailleurs, même quand il y a de l'eau la plupart des gens préfèrent se laver à la mer. Le soir et tôt le matin, on peut voir les gens passer avec leur serviette. Il semble qu'il n'y ait pas de règle de non mixité mais je vois toujours les hommes aller d'un côté et les femmes de l'autre. En arrivant au bord de l'eau, on écoute attentivement pour deviner la présence d'autres personnes ou on appelle simplement. S'il n'y a pas de réponse, c'est que la place est libre. C'est ainsi que chaque soir, à la tombée de la nuit, je suis allée me "doucher" à la mer avec Véronique.


Certains vous diront qu'il est préférable de se bainer à la mer car ça rend le corps plus fort, plus résistant ! Moi j'y vois surtout un énorme avantage: si vous choisissez bien le moment, alors que la marée est descendante, l'eau qui avait pénétré dans la terre et qui a été chauffée par l'énergie du volcan ressort et vous permet de prendre un agréable bain chaud !

Dans le village, il n'y a donc pas d'eau courante et il n'y a pas non plus d'électricité. La vie se fait au rythme du soleil: lever vers 5h30 et coucher vers 20h30. Ce qui nous laisse de bonnes nuits de sommeil ! Pour veiller un peu plus tard, il y a quand même les lampes à pétrole qui se rendent bien utiles à partir de 18h.

Sans électricité, on ne s'attend pas à trouver de technologies modernes dans le village mais je me rends compte rapidement que partout les gens ont un téléphone portable. La nouvelle société de télécommunications qui a ouvert en juillet a installé une antenne qui permet à la plupart des villages de recevoir des appels sur les portables. Comment font-ils pour recharger leur téléphone ? Pour la modique somme de 100VT (0,7 €), vous pouvez le faire recharger au petit magasin qui possède un générateur !

Le jeudi, nous allons tous au jardin: Gracien, Véronique, leur fille adoptive, une autre femme du village et moi. Nous partons à 9h30. Le jardin n'est pas juste à côté, il faut aller dans la brousse. Nous marchons tranquillement. Véronique n'est plus toute jeune non plus, alors ne nous pressons pas! Vers 10h30, nous arrivons à la plantation de cocotiers. Dans les îles, chaque famille en possède une. Le coprah, obtenu par séchage de la chaire de coco, est la seule source de revenu des villageois. C'est donc le seul moyen de payer les scolarités des enfants. Pendant que les hommes ramassent les cocos germées pour nourrir les cochons, les femmes s'installent à l'ombre et discutent.

A midi, nous montons la dernière côte et arrivons enfin au jardin. Ne vous attendez pas à un joli jardin potager comme ceux que l'on cultive en France. Le jardin se trouve beau milieu de la brousse. Pour faire le place, ils ont brûlé les arbres et débroussaillé au couteau. On y trouve des kumalas (sorte de patates douces), des taros, du manioc et beaucoup d'ignames. Les ignames sont toujours plantés accompagnés d'un long bâton pour que la tige puisse pousser en grimpant sur le support. On récupère ensuite la racine pour la manger. En guise de légumes, il y a du choux kanak et de la laitue.

On commence par manger. Ils font un feu et déposent, directement dans les braises, des racines provenant de plantes différentes. Ici, les pommes-de-terre se déclinent sous toutes les formes: allongées, arrondies, fibreuses, plus ou moins sucrées, ... On y ajoute aussi des bananes de différentes sortes.

Quand le soleil ne tape plus trop fort, il est temps de se mettre au travail. Devant mon insistance pour ne pas rester assisie à ne rien faire, on m'a confié la tâche de ramasser les feuilles sèches et de faire des tas pour les faire brûler. Après une demie-heure, on me dit: c'est bon tu as assez travaillé, tu vas te reposer maintenant ! J'ai fini l'après-midi en discutant en bislama. Voilà un bon exercice !

Vendredi, je pars pour Sesivi avec Véronique. Sesivi est une mission catholique à laquelle travaille une de leurs filles. A sesivi, il y a des sources très chaudes. On fait le voyage juste pour que je puisse me baigner ! Ca aura été un après-midi très agréable: repas de rois (laplap, poulet, riz, choux, haricots, papaye), baignade, rencontres et superbe séance photos ! Elora et Jomely, les enfants de Noélina, sont des modèles de choix !


Samedi, j'ai simplement passé la journée à bouquiner: l'histoire de l'enfance d'un Africain. Parce-que, les vacances, c'est aussi savoir prendre le temps de ne rien faire pendant une journée !!

Dimanche, j'ai pu assister à la messe au village. Enfin, juste une célébration. Il n'y a qu'un prêtre pour plusieurs villages et il est généralement à Sesivi. Visiblement, il n'est plus très jeune et n'a pas le courage de se déplacer entre les villages. Alors, il vient une fois de temps en temps pour bénir les osties et le reste du temps, ce sont les cathéchistes qui font la célébration.

Après la messe, les villageois se réunissent devant l'église. C'est un moment privilégié où ils peuvent échanger les dernières informations et, si nécessaire, se concerter pour prendre des décisions. Les chefs du village sont des hommes, au nombre de 4, ayant plus de 40 ans. Ils sont désignés par la communauté.

Cette fois-ci, les informations portent sur les élections et la prochaine ordination d'un diacre.

En effet, cette année ont lieu les élections législatives, les seules pour lesquelles tout le monde vote. Elles ont lieu le mardi 2 septembre et il est important que chacun soit au courant du déroulement des votes.Le bureau de vote se trouvera à l'école primaire et sera ouvert de 7h30 à 16h.

La deuxième nouvelle est une mauvaise nouvelle pour les villageois. Le diacre qui se trouve à Montmartre est originaire d'Ambrym. Il sera ordonné prêtre en décembre et l'ordination devait se faire à Ambrym, dans leur village. Ils avaient donc repeint l'église et commencé à construire le podium pour les activités. Mais l'évêque qui doit officier est déjà âgé et ne veut pas se rendre dans les îles. La cérémonie aura lieu à Port-Vila ... C'est une vraie déception pour tout le monde !

L'après-midi, Véronique m'emmène visiter le village presbytérien qui se trouve juste à côté. On finit par s'arrêter chez des amies pour discuter. Rendez-vous est pris pour le lendemain: une des filles veut me tresser les cheveux.

Lundi, je passe donc la matinée à me promener, admirer la mer, le paysage et l'après-midi je vais retrouver ma coiffeuse. Le prix demandé ? elle veut que je lui envoie des boucles d'oreilles ! chose promise, chose due: je les ai envoyées hier accompagnées de photos pour Véronique, Gracien et leur fille Noélina.

Ainsi s'achèvent ces vacances hors du temps. Pendant toute la semaine passée à Ambrym, j'ai eu l'impression d'avoir été transportée dans un autre univers. Ma vie à Montmartre me paraissait immensément loin ... alors imaginez ce qu'il en est de ma vie en France ...

Ale tata, gros bisous

Pascale

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